[Confédération][3] Semper et Ubique
Par : Gregor
Genre : Science-Fiction , Action
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 15
Publié le 30/10/13 à 09:40:24 par Gregor
L’antigravité possédait le double avantage d'être un système de transport individuel fiable et silencieux. La contrepartie était sa faible portée d'utilisation. Lorsque Guillhem se posa sur le toit de la coupole abritant les installations de générations du canon, il chuta plus qu'il n’atterrit. Son lourd corps imprima une puissante poussée sur la surface métallique, suivit d'un son sourd et puissant. Il pesta, et se dirigea vers le haut de l'hémisphère le plus rapidement qu'il put. Il consulta les donnés de son générateur, constata que ce dernier avait donné beaucoup plus d'énergie que de raison lors de l'approche final. Les boucliers s'étaient révélés plus gourmand qu'il ne l'avait cru. Un imprévu qui contraignait son mode d'action. Il ne pourrait pas éliminer les rebelles à l'aide d'armes conventionnelles sagement rangé dans leur cavités, sur ses épaules et ses avants bras. Il lui faudrait les tuer à mains nues.
A sa suite, Randir, Vletch et Leek se retrouvaient éparpillés sur le dôme. Guillhem leur indiqua sa présence, au sommet d'une échelle s'engouffrant dans les boyaux ténébreux du bâtiments. Le canon les surplombait, gueule menaçante et dressée vers le ciel. L'adjudant frémit à la vue de cet engin de mort, effleurant d'une main distraite le fût colossal qui prenait racines bien en dessous du toit, entouré de câbles d'alimentation et de refroidissement soigneusement attachés. Un geste machinal, comme une manière de conjurer un mauvais sort qui se préciserait au dessus de lui. Il aurait voulu respirer un bon coup, il oublia ses poumons disparus, et se concentra à nouveau. Les ordres, seulement les ordres, et la rapidité d’exécutions de ceux-ci ne devaient plus être que sa seule priorité.
Sur les neuf individus identifiés, sept avaient été repérés comme s'occupant du canon. La complexité des mécanismes pouvait être dirigé par un seul homme, mais Guillhem savait qu'aucune rébellion digne de ce nom n'aurait pris une telle arme sans en assurer une sécurité minimale, aussi dérisoire fut-elle. Six ennemis devaient donc rôder dans le dédale de couloirs et d'escaliers qui enveloppaient les générateurs d'énergies et les convertisseurs, armes à la main, encore inconscients de leurs situations. Lorsqu'il se trouva en bas de l'échelle, il fixa le ciel, vit se découper les silhouettes massives de ses camarades, et reprit le contact radio par faisceau optique. Les pensées virevoltaient, rapides et fugaces, mais le rythme inhabituel le mettait mal à l'aise et il avait des difficultés à suivre le fil de cette conversation sans voix. Il avait été décidé qu'il passerait devant et qu'il sécuriserait l'accès jusqu'au poste de contrôle. De là, il pourrait coordonner l'équipe et terminer le nettoyage du bâtiment. Les autres cyborgs acquiescèrent, et le couvrirent.
Il fit quelques mètres, négocia un coude et entendit les premiers bruits de pas autres que ceux de sa compagnie. Il se plaqua le long du mur, avança prudemment, jusqu’à ce que le malheureux se mette à jour. D'un geste précis, il attrapa sa tête, bloqua ses épaules et fit pivoter son cou au delà de toute considération amicale. Un sinistre craquement s'étira dans le silence de la nuit. Il posa le corps avec une douceur relative au sol, et reprit sa marche. En empruntant un escalier accédant aux niveaux inférieur, il répéta le même mode opératoire à deux reprises. Aucun signe d'activité anormale ne venait troubler la nuit. La salle de contrôle se profilait devant lui lorsque ses senseurs remirent en alerte son attention. Un quatrième rebelle se dirigeait vers lui, et il n'avait aucun poste à couvert. Il bondit d'un pas preste vers la porte d'accès au contrôle du canon, se logea dans le renfoncement du lourd linteau de béton, et attendit sagement. L'infortuné qui se présenta face à lui eut la gorge broyée par une main de fer, et un sang putride s'échappa de sa bouche et de ses narines. Sans transition, Guillhem entama de pirater la porte d'accès, aidé par la liaison radio de Leenk avec l'Ankara, et entra dans le cœur du site.
La pièce ronde bourdonnait d'une activité étrange, régie par les projections hollos et les moniteurs de réglage du canon. Seul, au milieu d'une enchâssement de dispositif technique arrachés et détournés de leurs usages, un homme frêle trônait dans un siège souillé de sang et de matières nauséabondes. Les yeux vides, la nuque reliée à l'interfaçage par d'étranges câbles noirâtres. Sans sommations, Guillhem les arracha. L'homme, hébété, n'émit qu'un couinement désespéré. L'adjudant le toisa sans ménagement.
- Où sont-ils ?
- Qui ? demanda, interloqué, le rebelle.
- Tes chefs, chien d'hérétique.
- Je ... Je ne sais pas
- Tu aurais pu t'éviter une mort stupide, sermonna-t-il. Puisse le Dieu-Machine avoir pitié de toi.
Il le souleva de son siège, le laissant les pieds ballants au dessus du sole, et de son autre main, lui écrasa la trachée. Satisfait d'avoir accompli sa mission, Guillhem se signala auprès de son escouade. Seuls deux hommes restaient en vie dans la structure. Les débusquer ne lui poserait aucun problèmes. Leenk et Randir s'occupèrent de la traque et de l'élimination, tandis qu'au dehors, l'autre groupe achevait sa tâche dans les bâtiments annexes. Satisfaits, Guillhem en informa l'Ankara, puis le commandant Flinn. En dix minutes, leur mission se soldait par une franche réussite. Guillhem sourit à nouveau, trop heureux de ramener une victoire à son supérieur, trop fier d'avoir eu une plan efficace pour se rendre compte de toute l'ironie de sa propre situation.
Hugo Point bourdonnait d'une activité inhabituelle. Des navettes allaient et venaient entre son astroport poussiéreux et le point luisant loin au dessus de l'horizon signalant l'Ankara. Les cadavres des rebelles abattus gisaient au pied du bâtiment abritant le canon, le regard vitreux, installés dans de grotesques positions. Flinn fixait celui qui avait fini par révéler l'emplacement d'une possible réunion dans la plus grosse colonie de Prime, Port-Kristian, situé à moins d'une centaine de kilomètres de là. Il songea longuement à la stupidité de la mort dans une pareille situation. Aurait-il été envisageable de convertir et de racheter la conscience d'un homme qui, visiblement, avait été enrôlé de force dans une quête qu'il n'aurait pas suivi seul ? L’Inquisition était très claire sur le sujet, mais la vision manichéenne de cette dernière contrariait à cet instant la logique que Flinn s'échinait à suivre. La rébellion, mot-valise cachant milles principes, mille mode d'action et bien davantage de vies humaines, ne se résumait pas à une simple association d'esprit idéalistes luttant sauvagement contre le Dieu-Machine. La palette des nuances pouvaient s'étendre à l'infini, jusqu'à rejoindre – paradoxe ultime – certaines formes du Culte Mécaniste extrêmement modérées.
Guillhem avait brillamment réussi. Debout, à quelques mètres à peine, l'adjudant arborait un sourire sincère, son regard d'hybride luisait de cette convoitise particulière que Flinn connaissait si bien. Le goût âcre et savoureux de la victoire complète ne perdait jamais sa saveur, et, comme une drogue, distillait le poison de l'envie permanente dans les veine de quiconque y avait touché un jour. Flinn jouissait et jalousait cette réussite. Plus que jamais il devait se montrer vigilant vis à vis du jeune prodige.
- Mon commandant, l'amiral Trent est en liaison directe.
La voix du sergent du Leenk le tira de sa contemplation.
- En rapport à quoi ?
- Il souhaitait vous parler directement, mon commandant. Il voulait vous féliciter.
Flinn grogna, soupira, puis répondit.
- Faites savoir que je serais en ligne dans trente seconde, le temps qu'on me trouve un endroit plus décent et plus discret qu'une valise de transmission. Arrangez vous pour faire tenir une connexion stable et sécurisée dans le fortin.
- Bien, mon commandant.
D'un pas leste, Flinn se dirigea vers le haut mur gris percé d'une porte qui donnait accès au canon. Leenk, à sa suite, portait une lourde valise où se déployait une série d'holo et une longue antenne filiforme. Le matériel, rudimentaire, avait le mérite de résister à bon nombre de contraintes liées à l'humidité et au choix sur un terrain de guerre. Flinn s'amusa à penser que c'était une guerre d'une autre nature qui l'attendait avec l'amiral Trent, chef suprême de l'Ankara et précieux allié technique dans la lutte contre la rébellion qui sévissait sur Barnard Prime. Comme il s'y attendait, la figure revêche, au nez cassé et au regard se résumant en une ligne sombre où s'enfonçaient deux puits bleutés, s'afficha sans un mot et sans l'ombre d'une expression. Trent n'était pas réputé pour son amabilité ni sa bonhomie. Mais pour Flinn, il s'agissait bien là des plus respecté et respectable loup de guerre de la Confédération. Un homme flétri par les années et mûri par les combats, enchaîné à ceux qu'ils servaient par la force de son propre honneur et l’indéfectible loyauté de ses principes.
- Commandant Flinn.
- Mon amiral...
- Commandant, c'est un honneur de vous revoir pour vous féliciter, reprit Trent. Hugo Point n'était pas signalé comme un problème potentiel, mais vous avez réussi à reprendre en main la situation. Il est tragique qu'autant de vos soldats soient morts à bord de cette navette.
- Aucune guerre sans sacrifice, trancha Flinn d'un ton sec.
- Une remarque si juste... Enfin. Maintenant que nous en avons fini avec les politesses, j'aimerais que nous abordions la suite des événements. Le canon d'Hugo Point étant sécurisé, les navettes pourront se poser sans problèmes jusqu'à Port-Kristian. La rébellion tient la ville, mais l'astroport principal reste peu surveillé. En agissant vite, nous pouvons leur damer le pion et reprendre le contrôle du secteur sans perte notables.
- C'est là une solution viable, commenta Flinn.
- Mes équipes du génie tactique ont lourdement insisté pour que ce plan soit mis en place rapidement.
- Cela signifie-t-il que l'escouade de Confrère que je mène est relevé de ses fonctions ?
- Requalifications de mission, tempéra Trent. Vous restez affecté à ceux pour quoi le Très Saint Magister vous a désigné : vous ramenez le chef de cette bande d'hérétiques sur Terre, où il sera jugé tel que la loi Mécanique l'a prévu. Les questions annexes à cette capture seront décidé plus tard.
- Nous ne gérons donc plus l'avenir de Prime ?
Trent eut, l'espace d'un instant, la fantôme d'un sourire au bord des lèvres.
- Avec quels hommes ? Vous vous êtes bien battus, commandant Flinn. Vos troupes ont payé plus que de raison leur dû. Avec moins de trente hommes, que pouvez-vous espérer faire à grande échelle ?
- Le nombre ne fait pas le résultat, contra Flinn.
- Voyons, commandant … Je comprends que cette mission vous ait mis à cran. Mais laissez donc mes hommes gérer le gros du travail. Et contentez-vous de faire ce en quoi vous excellez. C'est le meilleur service que vous pourrez rendre à la Confédération.
Flinn eut la sagesse de ne pas répondre. Il bouillait de colère, et se garda bien de le montrer.
- Vous prendrez une navette directe pour le tarmac de Port-Kristian d'ici la fin de la journée. Vous vous reposerez dans les installations d'Hugo Point en attendant. Concernant vos blessés éventuels, je ferrais venir votre équipe de cybernaute et j'y joindrais quelques uns de mes spécialistes. En vous souhaitant une bonne continuation, commandant Flinn.
- Mon amiral.
Flinn activa un commutateur, et l'image du haut-officier se désagrégea. Il soupira à nouveau, dépité.
A sa suite, Randir, Vletch et Leek se retrouvaient éparpillés sur le dôme. Guillhem leur indiqua sa présence, au sommet d'une échelle s'engouffrant dans les boyaux ténébreux du bâtiments. Le canon les surplombait, gueule menaçante et dressée vers le ciel. L'adjudant frémit à la vue de cet engin de mort, effleurant d'une main distraite le fût colossal qui prenait racines bien en dessous du toit, entouré de câbles d'alimentation et de refroidissement soigneusement attachés. Un geste machinal, comme une manière de conjurer un mauvais sort qui se préciserait au dessus de lui. Il aurait voulu respirer un bon coup, il oublia ses poumons disparus, et se concentra à nouveau. Les ordres, seulement les ordres, et la rapidité d’exécutions de ceux-ci ne devaient plus être que sa seule priorité.
Sur les neuf individus identifiés, sept avaient été repérés comme s'occupant du canon. La complexité des mécanismes pouvait être dirigé par un seul homme, mais Guillhem savait qu'aucune rébellion digne de ce nom n'aurait pris une telle arme sans en assurer une sécurité minimale, aussi dérisoire fut-elle. Six ennemis devaient donc rôder dans le dédale de couloirs et d'escaliers qui enveloppaient les générateurs d'énergies et les convertisseurs, armes à la main, encore inconscients de leurs situations. Lorsqu'il se trouva en bas de l'échelle, il fixa le ciel, vit se découper les silhouettes massives de ses camarades, et reprit le contact radio par faisceau optique. Les pensées virevoltaient, rapides et fugaces, mais le rythme inhabituel le mettait mal à l'aise et il avait des difficultés à suivre le fil de cette conversation sans voix. Il avait été décidé qu'il passerait devant et qu'il sécuriserait l'accès jusqu'au poste de contrôle. De là, il pourrait coordonner l'équipe et terminer le nettoyage du bâtiment. Les autres cyborgs acquiescèrent, et le couvrirent.
Il fit quelques mètres, négocia un coude et entendit les premiers bruits de pas autres que ceux de sa compagnie. Il se plaqua le long du mur, avança prudemment, jusqu’à ce que le malheureux se mette à jour. D'un geste précis, il attrapa sa tête, bloqua ses épaules et fit pivoter son cou au delà de toute considération amicale. Un sinistre craquement s'étira dans le silence de la nuit. Il posa le corps avec une douceur relative au sol, et reprit sa marche. En empruntant un escalier accédant aux niveaux inférieur, il répéta le même mode opératoire à deux reprises. Aucun signe d'activité anormale ne venait troubler la nuit. La salle de contrôle se profilait devant lui lorsque ses senseurs remirent en alerte son attention. Un quatrième rebelle se dirigeait vers lui, et il n'avait aucun poste à couvert. Il bondit d'un pas preste vers la porte d'accès au contrôle du canon, se logea dans le renfoncement du lourd linteau de béton, et attendit sagement. L'infortuné qui se présenta face à lui eut la gorge broyée par une main de fer, et un sang putride s'échappa de sa bouche et de ses narines. Sans transition, Guillhem entama de pirater la porte d'accès, aidé par la liaison radio de Leenk avec l'Ankara, et entra dans le cœur du site.
La pièce ronde bourdonnait d'une activité étrange, régie par les projections hollos et les moniteurs de réglage du canon. Seul, au milieu d'une enchâssement de dispositif technique arrachés et détournés de leurs usages, un homme frêle trônait dans un siège souillé de sang et de matières nauséabondes. Les yeux vides, la nuque reliée à l'interfaçage par d'étranges câbles noirâtres. Sans sommations, Guillhem les arracha. L'homme, hébété, n'émit qu'un couinement désespéré. L'adjudant le toisa sans ménagement.
- Où sont-ils ?
- Qui ? demanda, interloqué, le rebelle.
- Tes chefs, chien d'hérétique.
- Je ... Je ne sais pas
- Tu aurais pu t'éviter une mort stupide, sermonna-t-il. Puisse le Dieu-Machine avoir pitié de toi.
Il le souleva de son siège, le laissant les pieds ballants au dessus du sole, et de son autre main, lui écrasa la trachée. Satisfait d'avoir accompli sa mission, Guillhem se signala auprès de son escouade. Seuls deux hommes restaient en vie dans la structure. Les débusquer ne lui poserait aucun problèmes. Leenk et Randir s'occupèrent de la traque et de l'élimination, tandis qu'au dehors, l'autre groupe achevait sa tâche dans les bâtiments annexes. Satisfaits, Guillhem en informa l'Ankara, puis le commandant Flinn. En dix minutes, leur mission se soldait par une franche réussite. Guillhem sourit à nouveau, trop heureux de ramener une victoire à son supérieur, trop fier d'avoir eu une plan efficace pour se rendre compte de toute l'ironie de sa propre situation.
Hugo Point bourdonnait d'une activité inhabituelle. Des navettes allaient et venaient entre son astroport poussiéreux et le point luisant loin au dessus de l'horizon signalant l'Ankara. Les cadavres des rebelles abattus gisaient au pied du bâtiment abritant le canon, le regard vitreux, installés dans de grotesques positions. Flinn fixait celui qui avait fini par révéler l'emplacement d'une possible réunion dans la plus grosse colonie de Prime, Port-Kristian, situé à moins d'une centaine de kilomètres de là. Il songea longuement à la stupidité de la mort dans une pareille situation. Aurait-il été envisageable de convertir et de racheter la conscience d'un homme qui, visiblement, avait été enrôlé de force dans une quête qu'il n'aurait pas suivi seul ? L’Inquisition était très claire sur le sujet, mais la vision manichéenne de cette dernière contrariait à cet instant la logique que Flinn s'échinait à suivre. La rébellion, mot-valise cachant milles principes, mille mode d'action et bien davantage de vies humaines, ne se résumait pas à une simple association d'esprit idéalistes luttant sauvagement contre le Dieu-Machine. La palette des nuances pouvaient s'étendre à l'infini, jusqu'à rejoindre – paradoxe ultime – certaines formes du Culte Mécaniste extrêmement modérées.
Guillhem avait brillamment réussi. Debout, à quelques mètres à peine, l'adjudant arborait un sourire sincère, son regard d'hybride luisait de cette convoitise particulière que Flinn connaissait si bien. Le goût âcre et savoureux de la victoire complète ne perdait jamais sa saveur, et, comme une drogue, distillait le poison de l'envie permanente dans les veine de quiconque y avait touché un jour. Flinn jouissait et jalousait cette réussite. Plus que jamais il devait se montrer vigilant vis à vis du jeune prodige.
- Mon commandant, l'amiral Trent est en liaison directe.
La voix du sergent du Leenk le tira de sa contemplation.
- En rapport à quoi ?
- Il souhaitait vous parler directement, mon commandant. Il voulait vous féliciter.
Flinn grogna, soupira, puis répondit.
- Faites savoir que je serais en ligne dans trente seconde, le temps qu'on me trouve un endroit plus décent et plus discret qu'une valise de transmission. Arrangez vous pour faire tenir une connexion stable et sécurisée dans le fortin.
- Bien, mon commandant.
D'un pas leste, Flinn se dirigea vers le haut mur gris percé d'une porte qui donnait accès au canon. Leenk, à sa suite, portait une lourde valise où se déployait une série d'holo et une longue antenne filiforme. Le matériel, rudimentaire, avait le mérite de résister à bon nombre de contraintes liées à l'humidité et au choix sur un terrain de guerre. Flinn s'amusa à penser que c'était une guerre d'une autre nature qui l'attendait avec l'amiral Trent, chef suprême de l'Ankara et précieux allié technique dans la lutte contre la rébellion qui sévissait sur Barnard Prime. Comme il s'y attendait, la figure revêche, au nez cassé et au regard se résumant en une ligne sombre où s'enfonçaient deux puits bleutés, s'afficha sans un mot et sans l'ombre d'une expression. Trent n'était pas réputé pour son amabilité ni sa bonhomie. Mais pour Flinn, il s'agissait bien là des plus respecté et respectable loup de guerre de la Confédération. Un homme flétri par les années et mûri par les combats, enchaîné à ceux qu'ils servaient par la force de son propre honneur et l’indéfectible loyauté de ses principes.
- Commandant Flinn.
- Mon amiral...
- Commandant, c'est un honneur de vous revoir pour vous féliciter, reprit Trent. Hugo Point n'était pas signalé comme un problème potentiel, mais vous avez réussi à reprendre en main la situation. Il est tragique qu'autant de vos soldats soient morts à bord de cette navette.
- Aucune guerre sans sacrifice, trancha Flinn d'un ton sec.
- Une remarque si juste... Enfin. Maintenant que nous en avons fini avec les politesses, j'aimerais que nous abordions la suite des événements. Le canon d'Hugo Point étant sécurisé, les navettes pourront se poser sans problèmes jusqu'à Port-Kristian. La rébellion tient la ville, mais l'astroport principal reste peu surveillé. En agissant vite, nous pouvons leur damer le pion et reprendre le contrôle du secteur sans perte notables.
- C'est là une solution viable, commenta Flinn.
- Mes équipes du génie tactique ont lourdement insisté pour que ce plan soit mis en place rapidement.
- Cela signifie-t-il que l'escouade de Confrère que je mène est relevé de ses fonctions ?
- Requalifications de mission, tempéra Trent. Vous restez affecté à ceux pour quoi le Très Saint Magister vous a désigné : vous ramenez le chef de cette bande d'hérétiques sur Terre, où il sera jugé tel que la loi Mécanique l'a prévu. Les questions annexes à cette capture seront décidé plus tard.
- Nous ne gérons donc plus l'avenir de Prime ?
Trent eut, l'espace d'un instant, la fantôme d'un sourire au bord des lèvres.
- Avec quels hommes ? Vous vous êtes bien battus, commandant Flinn. Vos troupes ont payé plus que de raison leur dû. Avec moins de trente hommes, que pouvez-vous espérer faire à grande échelle ?
- Le nombre ne fait pas le résultat, contra Flinn.
- Voyons, commandant … Je comprends que cette mission vous ait mis à cran. Mais laissez donc mes hommes gérer le gros du travail. Et contentez-vous de faire ce en quoi vous excellez. C'est le meilleur service que vous pourrez rendre à la Confédération.
Flinn eut la sagesse de ne pas répondre. Il bouillait de colère, et se garda bien de le montrer.
- Vous prendrez une navette directe pour le tarmac de Port-Kristian d'ici la fin de la journée. Vous vous reposerez dans les installations d'Hugo Point en attendant. Concernant vos blessés éventuels, je ferrais venir votre équipe de cybernaute et j'y joindrais quelques uns de mes spécialistes. En vous souhaitant une bonne continuation, commandant Flinn.
- Mon amiral.
Flinn activa un commutateur, et l'image du haut-officier se désagrégea. Il soupira à nouveau, dépité.
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